Le LMI sur le terrain dans l’Yonne
Pour la première fois, le LMI organisait son séminaire annuel « en immersion », le 25 juin chez MobilEco. Cette structure combine plateforme de mobilité solidaire (réseau Mob’In) et garage solidaire (réseau Agil’ess). La journée a permis de rassembler une soixantaine de participants : élus, acteurs de la mobilité inclusive, partenaires, entreprises. Au programme : visites et temps d’échanges avec celles et ceux qui font avancer la mobilité inclusive.
Le séminaire annuel du Laboratoire de la Mobilité Inclusive s’est tenu mardi 25 juin 2024 à Rosoy, une commune rurale située dans l’Yonne.
Cette journée a été l’occasion de renforcer les liens entre tous ces acteurs et partager des constats, des problématiques et idées innovantes. La matinée a été consacrée à la visite d’un garage solidaire et d’une plateforme de formation au code et à la conduite de la route. Mobil’Eco, à l’origine de ces dispositifs d’aides à la mobilité, a pu partager son quotidien, ses constats, auprès des participants du séminaire.
- Visite du garage solidaire Mobil’Eco
Le garage solidaire Mobil’Eco est un acteur clé de la mobilité solidaire, employant trois personnes en Contrat à Durée Déterminée d’Insertion (CDDI) pour la gestion de 70 véhicules. Ces véhicules comprennent des voitures, des deux-roues, des vélos à assistance électrique et des trottinettes. Mobil’Eco répond à une demande croissante mais peine à satisfaire toutes les sollicitations en raison d’un manque de disponibilité de véhicules.
Le garage solidaire fait partie de l’association « donnezvotrevoiture.org ». Une fois acquis, les véhicules sont réparés et mis à disposition pour des particuliers, des auto-écoles, ou en location et revente. Les véhicules les moins chers sont souvent des modèles diesel avec un kilométrage élevé, tandis que les véhicules électriques nécessitent des ressources financières et des compétences techniques spécifiques, rendant la transition énergétique plus complexe. L’installation de bornes électriques est particulièrement coûteuse, notamment en milieu rural où les infrastructures sont insuffisantes.
Mobil’Eco étend ses services au-delà de son atelier grâce à un camion utilitaire équipé comme un garage mobile. Ce dispositif permet d’atteindre des chantiers d’insertion et des territoires isolés, y compris les quartiers prioritaires, pour diagnostiquer et réparer les véhicules sur place. Le garage envisage également de s’occuper des voitures sans permis et de développer ses compétences en matière de scooters électriques.
Chaque jour, Mobil’Eco effectue environ 70 à 80 trajets, optimisant les déplacements pour minimiser les coûts. Les trajets sont planifiés en fonction des besoins, notamment pour accéder à des formations ou à un emploi. Le garage collabore avec divers partenaires, tels que France Travail, des associations, des collectivités locales et la MSA (Mutualité Sociale Agricole), pour financer ces déplacements.
- Visite de la plateforme auto-école et de mobilité Agil’ess
L’auto-école Mobil’Eco propose un accompagnement global à la mobilité, intégrant des diagnostics et la recherche de financements pour lever les freins à la mobilité.
L’auto-école Agil’ess, composée de trois moniteurs, a une convention avec le département et réalise environ 150 évaluations de code par an, avec 60 à 70 permis de conduire délivrés annuellement. Les formations sont structurées pour garantir un haut taux de réussite au code de la route. Les candidats sont principalement des adultes demandeurs d’emplois ou BRSA, souvent des femmes.
Les formations incluent une journée en présentiel, un accès au code en ligne pendant trois semaines, un suivi personnalisé et des sessions intensives en groupe pour atteindre environ 90% de réussite. Les moniteurs travaillent également sur l’acquisition du français pour les candidats allophones, en utilisant des véhicules à boîte automatique pour simplifier l’apprentissage. Des simulations précèdent la conduite réelle, et une passerelle de 7 heures est proposée pour passer aux véhicules à boîte manuelle.
Un dispositif spécifique accompagne les réfugiés bénéficiant de la protection nationale vers le permis AM (scooter), avec un apprentissage du code via le FLE (Français Langue Étrangère) pour passer l’ASR (Attestation de Sécurité Routière). Les moniteurs les aident à acquérir la théorie et à se préparer à la pratique.
- Après-midi d’échanges :
Plusieurs échanges se sont succédés après le déjeuner à la mairie de Rosoy. Sous le format d’ateliers, les participants ont pu réfléchir collectivement à leurs expériences, leurs expérimentations et les préconisations. Les débats ont porté sur les trois thèmes suivants :
– Comment mobiliser les acteurs, qu’attendre des PAMS (Plan d’Action en faveur de la Mobilité Solidaire) ?
– Quels financements et quels modèles économiques pour la mobilité inclusive ?
– Les publics bénéficiaires, diagnostics et solutions pour une mobilité juste et durable.