Le « Registre », un outil incitatif pour les AOM en faveur du covoiturage – Interview de Laurie Bequet
Chargée du développement de la start-up covoiturage.beta.gouv.fr, Laurie Bequet revient sur le Registre de preuve de covoiturage : un service public numérique crée avec les collectivités et les opérateurs de covoiturage courte distance.
LMI. Expliquez-nous ce qu’est le Registre de preuve de covoiturage ?
Laurie Bequet. Le Registre de preuve de covoiturage est un service public numérique, porté par le ministère chargé des Transports et développé par la startup d’État covoiturage.beta.gouv.fr. C’est à la fois, un tiers de confiance neutre : les territoires peuvent distribuer des incitations en toute confiance grâce aux trajets certifiés envoyés dans le Registre par les opérateurs de covoiturage partenaires et c’est également une boîte à outils pour aider les collectivités à inciter au covoiturage courte distance sur leur territoire en toute confiance. Plus concrètement, c’est une plateforme technique qui permet à l’ensemble des opérateurs de covoiturage, volontaires, de faire converger et d’attester les trajets effectués par leurs utilisateurs dans le respect de leur vie privée. Grâce au Registre, une autorité organisatrice de la mobilité (AOM) a désormais en main, l’ensemble des cartes lui permettant de mettre en œuvre une politique incitative efficace en faveur du covoiturage. Rejoindre le Registre de preuve de covoiturage permet à la collectivité de prendre connaissance des trajets déjà recensés sur son territoire, et d’utiliser le moteur de configuration afin d’accompagner sa réflexion sur les critères d’éligibilités possibles pour une éventuelle campagne d’incitation.
Vous parlez de « politique incitative » ; mais encore…
LB. Elle peut se concrétiser de diverses manières : par une incitation financière directement versée au conducteur et/ou au passager, prise en charge par la collectivité ou par une incitation non financière comme par exemple un accès à des places de stationnement réservées, un accès à tarif réduit ou gratuit à d’autres services publics (piscine municipale, bibliothèque, musée, etc.).
Pourquoi avoir développé un tel outil ?
LB. Le développement du covoiturage courte distance n’a pas connu le même essor que son pendant sur longue distance. On compte seulement 1,08 personne par véhicule pour les déplacements professionnels. Que ce soit des opérateurs privés ou des plateformes de covoiturage publiques, le constat est identique. Pourtant, c’est une question d’intérêt général que ce secteur se développe. En effet, les bénéfices à l’échelle locale sont multiples tant en termes de désengorgement des voies que de gain de l’espace public, en passant par la réduction des gaz à effets de serre et la création d’interactions sociales. À titre d’exemple, on estime que chaque kilomètre covoituré par passager permet d’éviter l’émission de 195 g CO2 équivalent, selon l’Ademe.
Quelle est la valeur ajoutée d’une telle plateforme pour un territoire ?
LB. La plateforme représente un nouveau service labellisé par le ministère chargé des Transports. Elle rassure et encourage les AOM à inciter la pratique du covoiturage grâce à la certification des trajets réalisés. Nos outils leur permettent d’expérimenter beaucoup plus facilement et rapidement.
Après deux ans d’existence, quel est le premier bilan ?
LB. Aujourd’hui, 16 opérateurs de covoiturage courte distance volontaires sont référencés et 75 territoires ont rejoint le Registre de preuve de covoiturage dont les données sont partagées publiquement, comme par exemple le nombre de trajets réalisés en covoiturage sur nos territoires, des données collectées à partir des informations communiquées par les opérateurs de covoiturage partenaires. En avril 2021, 96 330 trajets en covoiturage ont été collectés et validés par le Registre de preuve de covoiturage. Notre jeu de données est consultable sur le site data.gouv.fr.