Quand l’intelligence collective produit la solution
Avec le dispositif « des véhicules solidaires pour l’emploi »
Pôle emploi et ses partenaires proposent un service de location de véhicules pour répondre aux besoins de mobilité des demandeurs d’emploi souhaitant apporter leur aide aux secteurs d’activités prioritaires durant cette crise sanitaire. Pour l’accompagner dans cette initiative solidaire, Pôle emploi bénéficie du soutien d’autres membres du LMI comme le réseau APREVA, le réseau Mob’in, ou encore Wimoov et la Fondation TOTAL. Focus sur ce partage de connaissance et de mise en commun pour une solution rapide collective et efficace.
C’est grâce au dispositif « des véhicules solidaires pour l’emploi » que Danièle, 29 ans, habitante du bassin de Thiers dans le département du Puy-de-Dôme, a pu effectuer un remplacement dans une maison spécialisée pour enfants en difficulté. À la recherche d’un emploi (un poste d’agent des Services Hospitaliers), Danièle souhaitait se rendre utile, dans ce contexte de crise sanitaire. Lorsqu’elle trouve cette opportunité de remplacement, elle se retrouve confrontée à son impossibilité de se déplacer : son véhicule est en panne, elle n’a pas les moyens de le faire réparer et les transports collectifs restent limités dans cette période de confinement. Pôle emploi la met en relation avec une association membre de la plateforme de mobilité du Puy-de-Dôme, une structure du réseau national Mob « In. Trois jours plus tard, elle dispose gratuitement d’un véhicule le temps de lui permettre de rebondir.
En profitant de cette mise à disposition gratuite, Danièle bénéficie en fait d’un dispositif d’entraide d’urgence rendu possible par l’intelligence collective, la mise en commun de compétences et de savoir-faire de différents partenaires de LMI : la rencontre entre les besoins des uns et les solutions des autres. Comment ce dispositif est-il né et comment cette initiative solidaire s’est-elle co-construite ?
Le constat
“Ce projet est né d’un constat dressé très rapidement par Pôle emploi dès la mise en place du confinement : comment aider les demandeurs d’emploi qui souhaitaient répondre à des activités considérées comme essentielles, mais qui n’ont pas de véhicule pour se déplacer ?” explique Quentin Antoine, de la Direction des partenariats et de la territorialisation de Pôle emploi. Durant cette période de confinement de nombreuses entreprises, avaient en effet des besoins urgents de main d’œuvre pour assurer leurs activités dans les domaines de la santé, de l’alimentation, des services ou encore de l’agriculture. Afin d’apporter une réponse rapide à ces secteurs prioritaires, le ministère du Travail a confié à Pôle emploi la gestion de la plateforme MobilisationEmploi, permettant ainsi aux candidats disponibles de répondre rapidement à ces opportunités d’emploi.“Pour nous la question essentielle était la suivante : quelles solutions, dans cette période exceptionnelle, pouvait-on apporter aux demandeurs d’emploi ne disposant pas de solution de mobilité ? C’est ainsi qu’est née l’idée du dispositif de véhicules solidaires. Il est venu s’articuler assez finement avec la plateforme”, précise Quentin Antoine.
La recherche de solutions et de partenaires
Coopérer avec un service de location solidaire, pour sécuriser l’accès à l’emploi des publics : voilà en résumé l’essence du projet.“Concrètement, nous nous sommes rapprochés des partenaires qui étaient les nôtres dans les champs de la mobilité solidaire comme le réseau national Mob’in, ou le réseau Apreva ou encore de notre partenaire historique comme Wimoov pour aller chercher des solutions qui existaient déjà,” explique Quentin Antoine. Les garages solidaires, les plateformes de mobilité, ou encore les auto-écoles sont autant de structures qui disposent de véhicules immédiatement mobilisables, “l’idée était de pouvoir utiliser leur flotte de véhicule, autrement dit, redonner une utilité sociale à des véhicules non utilisés, dans cette période complexe”. Dans ce dispositif, Pôle emploi se charge de la coordination et de la sécurisation des partenariats. “Nous repérons les besoins, nous les identifions et orientons les demandes vers les partenaires compétents”.
Quelques règles du jeu
“Nous avons défini quelques grands principes de fonctionnement comme celui de la gratuité et de la temporalité,” ce service de location qui a débuté fin avril prendra fin avec la levée progressive du confinement. Une autre règle a été posée sur la table, celle de promouvoir la multimodalité des déplacements : le dispositif ne se concentre pas seulement sur le prêt de voitures, mais aussi de vélos, de vélos à assistance électrique, de scooters.
La volonté des partenaires
Enfin, ce dispositif ne pouvait voir le jour sans la volonté des partenaires à s’impliquer et à construire, en fonction des flottes disponibles, des solutions de mobilité. “Nous comptabilisons à ce jour une cinquantaine d’opérations, mais le plus important et l’excellent taux de transformation qui signifie que les partenaires ont véritablement joué le jeu !” ajoute Quentin Antoine.
Des réseaux comme Mob’in, Apreva, Wivoov ou encore le réseau ECF (réseau d’auto-école de conduite) ont répondu favorablement à la demande de Pôle emploi.
Pour Albine Séris, Déléguée générale du Réseau APREVA, « nos adhérents sont fiers de pouvoir apporter une solution de mobilité via cette opération. Les acteurs de terrain ont su se mobiliser et s’adapter. Leur sollicitation souligne un peu plus l’impact social et économique qu’ils jouent sur les territoires. Que tant d’acteurs aussi divers de la mobilité inclusive se soient coordonnés pour apporter des solutions concrètes aux travailleurs des secteurs prioritaires est bien la preuve qu’ensemble, on va plus loin !
Le dispositif n’entraine, par ailleurs, aucun manque à gagner pour les garages solidaires « puisque le coût de fonctionnement est couvert par nos partenaires financiers comme la fondation TOTAL qui se sont engagés à participer à un fond d’urgence pour la durée de la crise », ajoute Albine Séris.
De son côté Mob’In précise que « sur le plan national, 43 adhérents couvrant 33 départements ont répondu présents à cet appel à la solidarité mettant à disposition du dispositif un parc de plus de 80 voitures, 140 scooters et 100 vélos dont près de 40% à assistance électrique ».
Quelle suite ?
Si le dispositif doit cesser une fois la phase de déconfinement totalement achevée, sa philosophie devrait permettre d’engager de nouvelles pistes d’actions et de réflexion collective pour l’avenir. « il nous a permis de lever des solutions de blocage, cette manière de co-construire devra nous guider pour la suite. Cette expérience a notamment permis au réseau territorial de Pôle emploi de rendre visibles les partenariats et d’engager un dialogue entre des acteurs qui parfois s’ignoraient. Cela va nous servir de levier pour développer des actions complémentaires. Ce partage de connaissance et de mise en commun des solutions est essentiel pour préparer l’après. Pour le LMI et ses membres, nous sommes passés avec ce dispositif de l’idée à l’action, une méthodologie de travail en commun qui doit marquer les initiatives futures ».