6es RMI – Comment répondre à l’enjeu environnemental ?
L’urgence écologique qui nous oblige à agir pour faire face au changement climatique impose une transition écologique qui ne peut se faire sans justice sociale.
Pour la Fédération française des associations de protection de la nature et de l’environnement, France Nature Environnement, « la mobilité est le point de convergence ».
Le défi environnemental était au cœur des 6e Rencontres de la Mobilité inclusive. Lors de la table ronde intitulée « Environnement et cohésion sociale : impact de la loi d’orientation des mobilités », Genevièvre Laferrère, pilote du réseau Transports et mobilités de France Nature environnement, qui représente l’une des plus importantes ONG environnementale, a défendu, en matière d’environnement et de mobilité, « une approche à la fois sociale, économique et sociologique ».
Les enjeux environnementaux sont une préoccupation globale, mais qui n’est pas équitable. La population le plus riche produit le plus d’émissions polluantes, et les populations précaires y sont le plus soumises. Elles ont également un accès plus restreint aux services de santé. L’environnement est donc en lien avec la question de l’équité sociale. Les collectivités doivent disposer de moyens nouveaux.
Geneviève Laferrère, pilote du réseau Transports et mobilités de France Nature environnement
Focus sur les ZFE : quel impact social ?
Comment prendre en compte, de manière systémique et le plus en amont possible la question de la mobilité inclusive dès lors que l’on crée un nouveau dispositif ?
Tel était l’objectif du « focus » consacré aux Zones à Faibles Émissions (ZFE). Ce dispositif, qui vient d’être renforcé par la Loi d’orientation des mobilités a pour objectif de lutter contre la pollution.
Il existe en Europe 231 ZFE, 3 seulement en France (Grenoble, Paris et Strasbourg). Marie Poupeneau, ingénieur au service qualité de l’air à l’ADEME, a rappelé à cette occasion que « 19 agglomérations ont été retenues dans le cadre d’un appel à projets lancé par l’ADEME ».
Ce dispositif permet à une collectivité de limiter l’accès à une partie du territoire aux véhicules les plus émetteurs de polluants atmosphériques pendant une période donnée, mais quand est-il de son impact social ?
En ce qui concerne l’impact social des ZFE, très peu de données sont disponibles après la mise en place du dispositif. Une partie de la population la plus fragile n’a pas de véhicule, ou se trouve en situation précaire vis-à-vis de ce véhicule. L’enjeu d’accompagnement est donc important, et le dispositif doit être expliqué aux populations. Une consultation publique est donc nécessaire, et 3 mois d’informations sont désormais obligatoires. De plus, les communes environnantes doivent être tenues au courant de la mise en place de cette mesure.
Marie Poupeneau, ingénieur au service qualité de l’air à l’ADEME
Interview de Michel Dubromel, Président FNE
Michel Dubromel est Président de France Nature Environnement (FNE), la Fédération française des associations de protection de la nature et de l’environnement.
En matière de mobilité, est-ce l’environnement qui est désormais le juge de paix ?
Effectivement. La mobilité est le point de convergence entre tous les acteurs de la société civile. Car, quel que soit le mode de transport, toute infrastructure a un impact sur les milieux naturels ou les territoires.
Comment aujourd’hui définiriez-vous la mobilité ?
La mobilité est la clé à un avenir partagé qui permet de satisfaire à la fois les attentes de justice sociale, de protection de l’environnement et de qualité de vie. Elle est à la croisée des chemins et cristallise avant tout les personnes précaires, mais pour lesquelles des solutions très simples existent et peuvent les faire sortir de cette précarité.
Et pour la jeunesse rurale quelles solutions pour les sortir du désenclavement ?
La solution passe par la pédagogie. Nous les formons à cet égard avec le soutien de l’éducation nationale. Et les besoins sont énormes. Jusqu’alors, la mobilité a été associée à l’usage de la voiture, alors qu’il existe de nombreux modes de mobilité et de déplacements innovants à l’usage des jeunes et plus largement des populations rurales.
À quoi pensez-vous ?
Il existe des solutions de co-voiturage mises en place par les entreprises ou les collectivités, mais également des services de taxis à la demande dont le prix de la course est pris en charge à part égale par la collectivité et l’utilisateur.
Et ça marche ?
Oui, mais il faut du temps, une dose de formation et d’information. N’oublions pas que la jeunesse n’a été formée que pour se déplacer en voiture. En matière d’information, les collectivités ont un rôle à jouer, via leur bulletin communal ou le site de leur mairie, pour communiquer sur l’ensemble des services mis à la disposition de leurs administrés.
Comment expliquez-vous que les jeunes ont de moins en moins le réflexe du permis de conduire ?
Parce que le permis ne correspond plus exactement à leurs nouvelles inspirations. Voilà pourquoi je milite pour un permis mobilité au sens plus large, via un cursus de mobilité qui permettrait aux populations de mieux identifier les solutions mises à leur disposition.
Est-ce que les entreprises n’ont pas également un rôle à jouer ?
Oui bien sûr. Tous les acteurs, associations, syndicats, collectivités et entreprises doivent contribuer à l’émergence de ce nouveau modèle. Pour l’heure, les entreprises restent frileuses. Pourtant une meilleure mobilité crée un meilleur climat social dans l’entreprise.